Bernard Gainier

Jeudi 21 juillet 2022.
Si le ciel pouvait attendre, Bernard lui a dit non ce matin-là, au bout du sillon. Il restera en nous comme une empreinte, ce regard malicieux, cette verve inimitable, cette mémoire immense qui lui fit pourtant défaut à la fin du chemin. Amoureux du langage, de la terre et des Hommes, il savait comme personne se glisser dans la peau de ce poète maudit qu’était Gaston Couté. Il savait aussi revisiter l’histoire à sa manière, faire découvrir aux enfants émerveillés les crocodiles des Mauves, coller la frousse aux mamans quand il laissait leurs petiots conduire seuls le tracteur dans le champ d’à côté. Sa porte était toujours ouverte, aux copains et aux chats, rassurant ces derniers quand les potes passaient le voir : «t’inquiète pas, Mimi tout blanc, ils sont cons mais ils sont pas méchants». Il montrait alors le chemin du bureau où trônaient quelques tonneaux de piquette : «c’est un p’tit vin, mais il se laisse boire ! »... Le temps de refaire un peu le monde, un monde où le bonheur de vivre libre et heureux tenait toute la place. 
À bientôt, Bernard, mais pas trop vite.
JF
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